Aujourd’hui, les modes de production et de consommation des pays du Nord mènent à une surconsommation de ressources telles que les hydrocarbures, les métaux, l’eau, ou encore le bois. L’accès aux biens naturels à un moindre coût semble être devenu la priorité des Etats et des entreprises multinationales, qui veulent répondre à cette demande croissante. Cette course effrénée pour s’approvisionner en matières premières aboutit à un essor des projets extractifs, repoussant toujours plus loin les limites de l’acceptable. En effet, la satisfaction de ces demandes se fait au détriment des populations, principalement celles des pays du Sud, où se trouvent l’essentiel de ces biens naturels. On assiste à un véritable pillage et, pour les populations locales, les industries extractives sont bien souvent synonymes de la destruction et de la contamination de leur environnement, ainsi que de la perte de leurs moyens de subsistance.
Madagascar vit depuis des années dans une situation politique instable.
Ponctuée de coups d’Etat et de révoltes populaires, la vie politique malgache pourrait se résumer comme une succession de « crises », dont les « élites » locales et les grandes puissances semblent les principales responsables. Manifestant bien peu d’égards pour leur peuple, les premières font trop souvent primer leurs intérêts personnels sur celui des populations qu’elles administrent. Quant aux puissances étrangères, conscientes du besoin accru de financements de Madagascar, de ses richesses, et de son importance géostratégique, elles hésitent rarement à faire sentir leur influence dans les affaires intérieures du pays.
Profits maximum pour les multinationales, bénéfices minimum pour Madagascar.
Les gouvernements malgaches de ces vingt dernières années, avec l’appui des institutions financières internationales, ont fait du secteur extractif un axe central de leur politique économique, en justifiant ce choix par les retombées potentielles de l’investissement minier et pétrolier en matière de lutte contre la pauvreté. L’expérience montre pourtant que les attentes des populations sont rarement satisfaites et que le développement du secteur extractif peut rapidement se transformer en « malédiction des ressources ». L’exploitation des ressources minières ne garantit nullement une utilisation optimale des recettes fiscales dans la lutte contre la pauvreté et s’accompagne de plus souvent d’un développement de la corruption. Elle provoque aussi de graves dysfonctionnements sociaux et environnementaux qui restent ensuite à la charge du pays et qui compromettent fortement ses capacités à se diriger vers un développement juste et soutenable visant à se rapprocher des objectifs des OMD dans leur ensemble.

La présence d’importantes sources de pétrole, de nombreux minerais, ainsi que le cadre législatif favorable aux investisseurs étrangers font de Madagascar une cible privilégiée des compagnies minières et pétrolières avides de nouveaux gisements à exploiter. Pour ce pays fragilisé économiquement et politiquement, les grands projets miniers et pétroliers, vus comme une aubaine par les autorités nationales et locales, représentent en réalité une véritable menace à la fois pour les populations, déjà vulnérables, et pour l’environnement de l’île, dont la biodiversité si riche et unique nécessite d’être préservée. En absence de mécanismes efficaces de redistribution des richesses, ces populations ne bénéficient même pas des maigres retombées économiques laissées à Madagascar par ces projets. La Grande Île n’est pas un cas isolé. Elle constitue un exemple particulièrement parlant et préoccupant des pratiques actuelles des multinationales pétrolières et minières dans les pays du Sud, et des conséquences des politiques publiques, notamment de l’Union européenne, qui encouragent cette course aux matières premières. Le cas des industries extractives à Madagascar révèle ainsi un rapport de force complètement inégal entre les populations et les multinationales qui opèrent sans aucun contrôle de l’Etat et tirent d’immenses bénéfices. Il souligne également l’irresponsabilité d’acteurs publics importants, comme la BEI ou la Banque mondiale, qui apportent leur soutien à des projets qui ne permettent en aucun cas de contribuer à la diminution de la pauvreté.
Pour en savoir plus :
http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/synthese_-
_rapport_madagascar.pdf
http://www.collectif-communiste-polex.org/afrique/pil_mada.htm