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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 21:43

Madagascar est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008, qui a conduit à l'éviction en mars 2009 de Marc Ravalomanana et à son remplacement par son principal opposant et ex-maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, soutenu par l'armée.

 

 

 

17 janvier 2009, début d'une révolte populaire

 

La journée du 17 janvier 2009 est à marquer d’une pierre dans les annales de l’histoire d’Antananarivo. Ce jour-là, en effet, le Parc d’Ambohijatovo, situé en plein centre-ville, prenait le nom de “Place de la Démocratie”.

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C’est la première fois, depuis les « mouvements populaires » de 2002 qui virent l’accession controversée de Marc Ravalomanana à la Présidence de la République, qu’une foule aussi imposante était rassemblée en plein centre de la capitale, pour célébrer un évènement dont la signification politique était visible.


Rappelons brièvement que, depuis la mi-décembre 2008, les évènements qui devaient aboutir à ce rassemblement populaire de grande envergure se sont succédé rapidement.

13 Décembre : fermeture illégale de la Télévision Viva ; motif : diffusion d’une interview de l’ex-Président Ratsiraka qui avait pourtant été diffusée par deux autres télévisions privées, quelques jours auparavant, sans avoir subi aucune sanction. “Télé Viva” appartient au Maire de la capitale.

17 Décembre : le Maire Andry Rajoelina, excédé par les tracasseries et le harcèlement du pouvoir Ravalomanana, depuis son accession à la Mairie d’Antananarivo, se concerte avec les partis politiques, la société civile. Une quarantaine d’entre eux sont présents à la conférence de presse du 17 décembre, au cours de laquelle le Maire exige du Gouvernement le respect des libertés démocratiques (presse, expression, réunions...). Il demande également la réouverture des stations de Radio et Télévisions de la capitale et dans les régions, fermées par le pouvoir depuis 2003, et exige une réponse du pouvoir à ces demandes, jusqu’au 13 janvier.

12 Janvier : le Maire d’Antananarivo et ses collaborateurs organisent un culte œcuménique prévu pour se tenir au Parc d’Ambohijatovo, le Préfet de Police demande que la manifestation se tienne dans une enceinte fermée ; le Maire accepte le compromis et le culte se tient au Stade couvert de Mahamasina, avec la participation de quelque 10.000 fidèles.

16 Janvier : lors de la présentation des vœux du corps diplomatique au Président de la République, le doyen du corps diplomatique insiste sur l’importance du respect de la démocratie dans la recherche du développement et énonce clairement le souhait que soient levées les interdictions de diffusion appliquées à certains médias.

17 Janvier : le Maire d’Antananarivo inaugure officiellement la “Place de la Démocratie” dans le parc d’Ambohijatovo. 45.000 personnes affluent et remplissent le Parc ; ils écoutent avec attention les représentants des notabilités issues des régions qui dénoncent les abus, les vols de terres, les exactions de toutes sortes dont ils sont victimes.

Dans son discours, le Maire Andry Rajoelina fait un compte-rendu de son mandat d’une année à la tête de la Mairie, il dénonce toutes les entraves qu’il a rencontrées durant cette année.

Revendications politiques:

Relevons que dans son discours, le Maire informe ses électeurs des illégalités qu’il a constatées dans la gouvernance du pays et cite en exemple :

- le remblaiement illégal des rizières situées dans la partie Ouest de la capitale, qui font partie d’une zone officiellement interdite au remblaiements et aux constructions.


  L’achat du deuxième Boeing présidentiel pour un montant de 60 millions de dollars, or, cette dépense ne se trouve inscrite nulle part dans la loi des Finances 2009. Le Maire Andry Rajoelina conclut que ces illégalités doivent être sanctionnées par le retrait de leurs postes respectifs du Ministre des Finances et du Ministre de l’Aménagement du Territoire

Les turbulences qui ont marqué ces dernières semaines ont soulevé de larges échos jusqu’au sein de la diaspora Malagasy à Paris et à Berlin. Un réseau s’est créé pour dénoncer l’accord conclu par le Gouvernement malgache avec la Société sud-coréenne Daewoo pour la concession de 1 million 300.000 hectares de terres arables (pour la plantation de maïs à exporter en Corée) ; ainsi, des centaines de Malgaches ont manifesté devant les Ambassades malgaches à Paris et ils annoncent qu’ils poursuivront leur mouvement, en ajoutant à leurs revendications leur soutien à la lutte du peuple malgache pour la démocratie.

 

 

18 Janvier : un groupe d’officiers armés se rend au lieu où est installé l’antenne de la “Télévision Viva” pour informer le personnel présent de la décision du retrait d’autorisation de diffusion de “Télé Viva”, et réquisitionner le matériel, hors la présence requise d’un huissier de justice ou d’un mandat de perquisition.

 

 

19 Janvier : Le Ministre de la Communication adresse au directeur de la Radio Viva une injonction : annuler certains de ses programmes qui « tendraient à la désobéissance civile et a ébranler la confiance du public envers les Institutions de la République ». Il s’agit de l’émission “La parole est à vous” très populaire.

 

 

 

Samedi 24 Janvier : les revendications du maire d’Antananarivo qui affirme être « le porte- parole du peuple » sont montée d’un cran. Le premier magistrat de la ville des Mille soulève l’idée d’une transition au moment où il déplace le lieu du rassemblement d’Ambohijatovo à la Place du 13-Mai. Et c’est ce samedi que 25.000 personnes rassemblée sur ce lieu symbolique ont décidé de lancer une grève générale .


Au lendemain de ce discours, Marc Ravalomanana, le président de la République, est rentré précipitamment d’Afrique du Sud.

Ravalomanana

 

Des mandats d’arrêt sont lancés contre le maire de Antananarivo et deux autres personnes. Cela ne fera que radicaliser la contestation. Car l’appel à la grève général a été massivement suivi.

 

 

 

 

Le lundi 26 janvier : le Maire a réaffirmé  que la démocratie était en danger dans le pays, et exigeait la démission du Gouvernement. Il précisait alors : « si le peuple souhaite une transition, je suis prêt à en assumer la responsabilité » ; En conclusion, il appelait à lancer à partir de ce jour une grève générale, illimitée.

 Une manifestation a évolué rapidement en insurrection populaire  dans la capitale, dont l'élément déclencheur est parti du tribunal où trois jeunes devaient être jugés pour avoir participé à un meeting d'Andry Rajoelina.

Le bâtiment de la télévision nationale a été incendié, ainsi que des symboles de l’autorité du président Ravalomanana lui appartenant personnellement : la télévision MBS et les supermarchés Magro. La capitale est livrée au chaos et les scènes de pillage se succèdent.


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  incendie de la télé d'Etat MBS à Tana

 

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Le bras de fer entre le maire d’Antananarivo et le président de la République a pris un tournant tragique. Plusieurs bâtiments dont ceux de la RNM et de la TVM ont été incendiés par la foule, de même que les magasins Magro.
 

 

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Dans les rues, des gens tout souriants semblaient revenir d'un grand déstockage, portant à bout de bras de grands cartons remplis de divers produits comme les cahiers, les pâtes alimentaires, du sel et même des condoms. Les sacs de riz et même des barils d'huile alimentaire sont déposés un peu partout. Ainsi à Behoririka, des élèves sortant des cours se sont rués sur un baril d'huile abandonné par son
« propriétaire » au bord de la route.
Les scènes de pillage ont été plus saisissantes au cœur de la zone industrielle et commerciale d'Ankorondrano. Après s'être acharnés sur Magro, les razzieurs se sont rués vers les produits de luxe des grands magasins Jumbo Score et Courts. Une occasion en or pour les gens issus des bas quartiers de cette zone industrielle d'accéder aux vitrines que beaucoup n’a fait que contempler jusqu'ici.
En file indienne, ils sont rentrés en toute quiétude chez eux avec divers objets transportés à dos d'homme ou dans des brouettes, voire avec les chariots de ces mêmes magasins. Matelas, canapés, ventilateurs, ordinateurs, chaîne hi-fi et tables à repasser faisaient partie du lot.

 

 

 

 

 

 

 

 

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         Incendie des biens et pillage des magasins appartenant au président.

 

 

 

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Parmi les groupes qui se ruèrent sur les magasins Tiko pour les dévaliser, on a dénombré onze morts étouffés dans la cohue.

 

 

 

 les forces de l’ordre n'ont pas sévi contre ces groupes de bandits pilleurs et casseurs,
Il est indéniable que tous ces faits convergent vers le même but : briser le mouvement de contestation populaire (quel qu’en soit le prix pour les initiateurs) et 
mettre à genoux la population d’Antananarivo, « coupable » de soutenir l’engagement patriotique et démocratique du Maire Andry Rajoelina
.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le samedi 31 janvier 2009 : le peuple malgache, à l’instar des quelques 20.000 manifestants rassemblés sur la Place du 13 Mai (Avenue de l’Indépendance), a pris connaissance de la décision du Maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, de prendre en main la direction des affaires du pays, avant la mise en place imminente d’un régime de transition. Retour sur l’évolution de la situation à Antananarivo depuis ce grand meeting avec en perspective cette interrogation : et maintenant ?

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Sous les acclamations de la foule, Andry Rajoelina a clamé que le temps de la dictature était révolu et qu’il avait pris cette décision en toute connaissance de cause, face à la situation préoccupante qui prévaut dans le pays.

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La veille, 30 janvier, dans une conférence de presse qui a connu une affluence exceptionnelle, Andry Rajoelina avait informé l’opinion de sa décision de mettre en place un régime de transition. Il était entouré à cette occasion des représentants de toutes les forces vives du pays (partis politiques, groupements économiques, syndicats, société civile, etc...) et les conviait à faire connaître leur position, en signant une déclaration commune appuyant sa démarche et le mandatant pour la mener à terme.
Cette transition a été le leitmotiv majeur des revendications exprimées par toute la classe politique malgache depuis 2003, confrontée à des obstacles pour exprimer son point de vue sur la politique menée par le gouvernement.

On comprend ainsi que toutes forces organisées ou non du pays, qui eurent à subir les pressions et intimidations du régime de Marc Ravalomanana, se sont engagées aux côtés de Andry Rajoelina.
Cette unanimité s’est réalisée autour d’un seul thème, “Démocratie”, signifiant démocratie politique, démocratie économique et démocratie sociale.

 

 

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 Durant près de trois décennies, les changements de régime sont survenus à Madagascar après des évènements similaires à ceux de 2008, créant à chaque fois une situation exceptionnelle, qui exigeait des solutions exceptionnelles.
Ce fut le cas en 1972, en 1975, en 1991, en 2002.

 

 

 

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Suite aux événements, le Secrétaire général des Nations Unies, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, le Secrétaire général de l’Union Africaine, parlant d’une même voix, ont appelé les protagonistes à se rencontrer, afin de trouver ensemble une issue pacifique à la crise.

Ces déclarations soulignaient par ailleurs le respect de la « légalité constitutionnelle ».

Répondant aux critiques de la « communauté internationale », les partisans de Andry Rajoelina déclarèrent au grand jour, le 31 janvier, avec preuves à l’appui, que Marc Ravalomanana, tout au long de son mandat, avait perpétré des actes illégaux, et foulé aux pieds la Constitution, tant dans son préambule que dans ses articles.

Or, la « communauté internationale », qui ne pouvait ignorer ces illégalités commises par Marc Ravalomanana, a fermé les yeux, l’encourageant même indirectement.

Pourquoi aujourd’hui parler de « légalité constitutionnelle » lorsque le peuple malgache se lève pour arracher ses droits à vivre dans le respect des libertés démocratiques ?

 

 

 

 

 

 

 

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Le général dolin AVANT la negociation

 

 

Samedi 12h Andry Rajoelina proclame qu'il est président d'

 

 

 

Monja Roindefo.

 

 

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Les manifestations se succèdent

 

 

Lors de la manifestation du samedi 31 janvier à Antananarivo, avant que ne commencent les discours, un commando transporté par quatre véhicules est entré en force sur la tribune pour ôter de l’estrade les sièges et la sonorisation en cours d’installation. Lapidé et poursuivi par la foule en colère, le commando a du s’enfuir. Les forces armées alertées informèrent Andry Rajoelina que ce commando n’avait été envoyé ni par l’armée, ni par la gendarmerie, ni par la police. Ces responsables devaient déclarer sans ambages que le commanditaire de cette action était le Général Raoelina, chef de la garde présidentielle.
Ce même officier est soupçonné de mettre en place des “milices” recrutées dans les quartiers déshérités de la capitale (moyennant argent).

 

 

 

 

 

 

 

Le Samedi 7 février 2009

le peuple décide de prendre  le palais Présidentiel d'Ambohitsorotra.

 

 

 

 

 

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Une foule nombreuse se dirige vers le palais

 

l'avenue de l'independance

 

vue depuis le croisement avant la montée d'ambatonakanga

 

 

 

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1er cordon de sécurité autour du palais

 

 

 

 

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La marche sur le palais présidentiel s'est terminé par un carnage,

les forces rapprochées du président Ravalomanana ont tiré sans sommations sur la foule.

Bilan, 50 morts et plus de 200 blessés.

 

Samedi 7 02 09, après le meeting tenu sur la place du 13 mai, des milliers de personnes se sont rendues devant le palais présidentiel.

Avant d’entrer dans le Palais, le Général Dolin Rasolosoa et quelques parlementaires furent mandatés pour négocier avec les militaires de la garde présidentielle chargés de la protection du Palais ; après conciliabules, il s’avérait que les militaires refusaient au Premier ministre Roindefo l’accès du Palais. La délégation rejoignit la foule, et c’est à ce moment qu’éclatèrent les coups de feu venus du Palais. Tous les observateurs, malgaches et étrangers, ont noté qu’il n’y eut aucune sommation (tir en l’air suivi de jets de grenades lacrymogènes ou de jets d’eau) pour disperser la foule.
Par ailleurs, cette foule ne portait aucune arme et ne proférait pas de menaces. En quelques minutes, on dénombrait cinquante morts et plus d’une centaine de blessés. Les corps des victimes portaient les traces d’impact de balles sur le front, le cou, le dos, provenant d’armes de guerre. Il s’est avéré que la garde présidentielle comptait dans ses rangs des « mercenaires » étrangers recrutés en Afrique du Sud.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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   Toute la journée du dimanche, la population et les autorités de la transition furent occupées à porter secours aux blessés, s’occuper des morts et de leurs familles, qui furent l’objet d’un grand élan de solidarité. Une foule compacte se rendit au Gymnase couvert de Mahamasina, où étaient exposés les corps des victimes, afin de rendre un hommage mérité à ces compatriotes de tous âges, victimes de leur engagement dans la lutte pour le respect de la Démocratie. Un photographe de la station RTA et une journaliste de RFI sont tombés sous les balles des tueurs ; Le lundi fut proclamé « jour de deuil national ».

Les policiers et les militaires  pour se démarquer de la garde raproché de Ravalomanana qui à organisée la tuerie ont porté un brassard  blanc pour sinifier que eux: ne tirerons pas sur la foule.

 

 

 

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De son côté, la Communauté internationale, plus précisément la Banque Mondiale, le FMI, l’Union Européenne, informaient la presse qu’elle gelait l’aide qu’elle avait prévue pour Madagascar fin décembre. Ces bailleurs de fonds expliquaient leur décision par l’absence totale de transparence dans la gestion des finances publiques par Ravalomanana et son équipe : Les médias citaient en exemple l’achat du fameux “Air-Force 2” pour un montant de 60 millions de dollars, et offert en « cadeau » par une société sud-coréenne, en contre-partieRavalomanana (ce dernier avait ordonné que ces conteneurs de bois de rose soient entreposés dans la Cour du Palais d’Ambohitsorohitra d’où ils disparurent pour être acheminés au Port de Toamasina), les détaxations et autres réformes fiscales entourant l’importation des produits pour la fabrication de l’huile Tiko, etc
Ces bailleurs de fonds avaient d’ailleurs demandé des explications aux
de la dotation de 1 million 300.000 hectares de terres arables appartenant aux paysans malgaches, la disparition inexpliquée de plusieurs conteneurs de bois de rose confisqués indûment à leurs propriétaires dans la région de la Sava et remis gracieusement au fils de Marc Ravalomanana, sans avoir reçu de réponse convaincante jusqu’à ce jour. De manière très diplomatique, ils dénonçaient l’amalgame entre l’utilisation de l’argent de l’État et celui de l’empire Tiko, et appelaient les uns et les autres à prêter une oreille attentive aux doléances de la population.

 

 

 

 

 

 

                                    Tiko : “L’empire Ravalomanana

Le déclanchement de cette crise a favorisé au sein de l’opinion une large connaissance de la situation économique et de l’influence grandissante des intérêts du Groupe Tiko
 de Marc Ravalomanana dans les affaires du pays.
Entre 1996 et 2001, Tiko avait bénéficié des “faveurs” du pouvoir en place à l’époque, qui lui accordèrent une exonération de taxes à l’importation de produits Tiko, pour un montant de 150 milliards d’ariary.

 Dès son arrivée au pouvoir, Tiko fait main basse sur les sociétés d’Etat, “privatisées” sur injonction de la Banque Mondiale et du FMI (SOMACODIS, SINPA, SICE.

 Depuis, l’empire Ravalomanana s’est agrandi, et ses tentacules se sont déployées dans plus d’une vingtaine de sociétés (connues), par exemple : Magro (grossiste de PPN), TIKO AGRI (collecte de matières premières) TIA et MANA (produits laitiers-farine), TIKO FARM (élevage et dérivés), ALMA - COM (BTP et bureau d’études), FID MILL (alimentation du bétail).
Tiko est présent dans l’audiovisuel (MBS-Radio Mada, Nouvelles). Outre l’utilisation de biens meubles et immeubles de l’Etat (bâtiments, sites, Port de Toamasina), sans contrepartie financière, Tiko n’a jamais eu l’intention de rembourser à l’État les 150 milliards évoqués plus haut. Il est à noter qu’en tant que Président de la République, Marc Ravalomanana a décidé la détaxation à l’importation de quelque 300 articles, intéressant de près ou de loin les activités du groupe Tiko.
Le scandale récent de la vente des 1 million 300.000 hectares de terres arables à Daewoo, la vente de deux îles Nosy Mitsio (Nosy-Be) et Nosy HaraMajunga) à des investisseurs étrangers, tout cela dans des conditions obscures, suscitent de la part d’une population très pauvre les plus grandes interrogations. 

 

 

 

 

 

 

A suivre...

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 03:10

 

L'insurrection de 1947 a été gommée de la mémoire
collective des Malgaches comme des Français

Madagascar 29 mars 1947
 Date anniversaire
du massacre de la population civile
par l'armée française

 89 000 morts d'après l'administration coloniale
100 000 morts d'après les insurgés
 la France, toujours le pays des libertés... !! ?


 
Après la deuxième guerre mondiale, tout le monde n’avait pas droit à la libération... La France, dans la continuité de sa politique coloniale, a fait subir aux Malgaches un massacre de masse, un carnage parmi d’autres (Algérie, Vietnam, Afrique noire...). Quand pacification rime avec épuration, colonisation avec liquidation... Le colonialisme sauvage a permis aux riches de conforter leurs positions dominantes, et depuis, rien n’a changé.
A partir du 29 mars 1947, à Madagascar, la France va perpétrer un massacre sans précédent, puisqu’en quelques jours, il y aura plus de 90.000 morts recencés par l'administration coloniale. Les insurgés en comptabilisent 300 000 en tenant compte des nombreuses personnes mortes de maladies et de faim, qui ont du fuirs dans la forêt car les soldats ont semés la terreurs en rasant les villages et en détruisant toutes les récoltes.
 
Et pourtant, ces faits inadmissibles de notre histoire coloniale sont complètement ignorés et n’apparaissent pas dans les livres d’histoire. 

Sous prétexte que des militants indépendantistes malgaches voulaient prendre des armes à la caserne de Moranmanga, dans la nuit du 29 mars 1947, l’armée française massacre la population civile de tous les villages voisins et les incendient.
Sur ordre de Marius Moutet, ministre socialiste des colonies au cabinet Ramadier, des renforts de l’armée française sont envoyés à Madagascar, qui vont continuer à massacrer la population malgache. Dissimulé sous le terme de « pacification », c’est un véritable massacre raciste qui sera exécuté, puisque c’est au cri de « mort aux cafards » que des milliers de civils sont abattus, en visant à éliminer tout particulièrement les cadres de Madagascar. L’armée française en profite pour tester de nouvelles armes sur la population malgache et sa stratégie anti-insurrectionnelle.
Avec tous ceux qui sont morts dans les camps, on dénombrera plus de 300 000 cadavres.
 
 
Le chemin vers l’indépendance
 

1895 : invasion française
1915 :
premier mouvement de résistance
1942 :
invasion britannique
1946 :
Raseta, Rayoahangy et Rabamananjara, du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) sont les premiers députés malgaches de l’assemblée constituante française.

Le 29 mars 1947 éclate une insurrection dans la colonie française de Madagascar. Elle va provoquer des dizaines de milliers de victimes sans que quiconque ou presque s’en émeuve.

                                          °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

En 1947, la Grande Île compte 4 millions d’habitants dont 35.000 Européens.
La côte orientale, au climat tropical, compte beaucoup de plantations coloniales où l’on cultive le clou de girofle et la vanille, principale richesse de l’île. Les habitants de cette région souffrent plus que les autres du travail forcé. Celui-ci, qui donne lieu à de nombreux abus, est remplacé en 1924 par
des« travaux d’intérêt général », guère plus réjouissants !

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’administration de l’île se met aux ordres du gouvernement collaborationniste de Vichy avant de rendre les armes aux Anglais qui occupent Madagascar en 1942.
Le
s Anglais remettent l’île aux représentants du général de Gaulle. Maladroits, ces derniers multiplient les réquisitions sous prétexte d’accélérer le développement de l’économie. Ils humilient les habitants en leur appliquant de façon rigoureuse le statut de l’« indigénat ». A Tananarive, la capitale, les élites malgaches se prennent à rêver aux principes de liberté édictés par les Anglo-Saxons dans la Charte de l’Atlantique. Beaucoup revendiquent une intégration complète de l’île dans la République française.
Trois députés malgaches à l’Assemblée constituante française fondent dès 1946 à Paris le Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache (MDRM)

 

L’Insurrection

Le 29 mars 1947, l’île se soulève. L’administration n’est pas prise au dépourvu mais elle n’a rien fait pour empêcher l’insurrection. A Diego-Suarez, Fianarantsoa et Tananarive, les insurgés sont tenus en échec. Ailleurs ils remportent des succès avant d’être refoulés. Des plantations européennes isolées sont attaquées. La répression est impitoyable. Dès le mois d’avril, les autorités envoient à Madagascar un corps expéditionnaire de 18 000 hommes - essentiellement des troupes coloniales et en particulier des tirailleurs sénégalais; il sera porté à 30 000 hommes.

L’armée française opère une répression aveugle : exécutions sommaires, torture, regroupements forcés, incendies de villages.

Elle expérimente une nouvelle technique de guerre "psychologique" : des suspects sont jetés vivants d’un avion afin de terroriser les villageois de leur région.

Elle expérimente des armes biologique dans les forêts.

La lutte va se poursuivre dans l’Est du pays, où deux zones de guérilla résistent dans la forêt pendant plus de 20 mois.

En métropole, quelques journaux parlent du soulèvement, mais le gouvernement et l’ensemble des organes de presse minimisent son importance et ne disent rien de la répression.

En vingt mois, selon les comptes officiels de l’état-major français, la “pacification” a fait 89.000 victimes chez les Malgaches. Les forces coloniales perdent quant à elles 1.900 hommes. On relève aussi la mort de 550 Européens, dont 350 militaires.

Dès le début, le gouvernement de Paul Ramadier avait fait porter la responsabilité de l’insurrection sur les trois parlementaires malgaches du MDRM. Les trois jeunes parlementaires, informés du projet d’insurrection, avaient diffusé dans les villages un télégramme demandant instamment à chacun d’éviter les violences. Leur appel était resté sans effet, mais pour le gouvernement français ce télégramme était en fait un texte codé qui signait leur “crime”. Leur immunité parlementaire ayant été levée, ils sont arrêtés et torturés. La justice française les jugera coupables, retenant la thèse du complot du MDRM. Deux d’entre-eux seront condamnés à mort, avant d’être finalement graciés.


En métropole, Le Figaro et L’Humanité parlent du soulèvement, mais le gouvernement et l’ensemble des organes de presse minimisent son importance et ne disent rien de la répression. L’opinion publique, il est vrai, est davantage préoccupée par le rationnement, les grèves et la guerre froide.
L’insurrection de 1947 a été gommée de la mémoire collective des Français.

En date du 10 juillet 1947, le président de la République, Vincent Auriol, écrivait : « Il y a eu évidemment des sévices et on a pris des sanctions. Il y a eu également des excès dans la répression. On a fusillé un peu à tort et à travers »

1956 : après la défaite en Indochine (1954), La France redéfinit son territoire colonial. Transfert du pouvoir exécutif aux autorités malgaches.
1958 :
Philibert Tsiranana est à la tête du gouvernement.
14 octobre 1958 :
institution de la république malgache.
26 juin 1960 :
proclamation de l’indépendance de Madagascar.

            
                                    Monsieur le Gouverneur à Madagascar

 

 

 

                         affiche ventant les bienfaits de la colonisation.

Madagascar, colonie française
 

  LES CAUSES DE LA COLONISATION

Les causes externes

a- Causes politiques et économiques

  • Pour éviter les rivalités, les pays européens ont partagé le monde pour créer de vastes empires coloniaux. Ils se sont réunis à Berlin pour faire ce partage. Pendant cette conférence, l’Angleterre donne Madagascar à la France en échange de Zanzibar.
  • Avoir un empire colonial était un signe de puissance et un motif de fierté.
  • La révolution industrielle oblige les européens à chercher des matières premières pour leurs usines et des débouchés (marchés) pour les produits finis. Ils ont aussi besoin de terres de peuplement et de travail pour les hommes.
  • Sur le plan stratégique la place de Madagascar permettait à la France de contrôler le commerce international dans l’Océan Indien et d’y installer une base militaire.

b- Causes sociales et culturelles

  • Les Européens pensaient que leur civilisation était supérieure aux autres, par conséquent coloniser et instruire les « races inférieures » étaient un devoir : c’est la mission civilisatrice    ( évangélisation, éducation, répression).

  Les causes internes

  • En 1883-1885, une guerre éclate entre les Malgaches et les Français. Elle se termine par la signature d’un traité (accord). Ce traité considère Madagascar comme protectorat français. Cependant le premier ministre Rainilaiarivony refuse ce protectorat qu’il appelle protectorat fantôme.
  • Le refus du premier ministre provoque une deuxième guerre franco-malgache en 1894-1895. Elle se termine par la défaite malgache et la signature d’un protectorat réel.
  • Des révoltes éclatent car la population malgache conteste ce protectorat. Des mouvements de résistance se forment ainsi que des mouvements xénophobes.
  • La réaction de la France est immédiate :
    • une loi d’annexion est votée,
    • le protectorat est aboli et le 6 août 1896 Madagascar devient une colonie française.

 L’ADMINISTRATION COLONIALE

Face aux différentes révoltes, la France envoie le premier gouverneur général, le général Gallieni, pour contrôler les Malgaches et pour faire régner la paix. Gallieni va mettre en place une administration militaire qui sera remplacée par une administration civile.

  Administration militaire : la pacification (1896 -1905)

La pacification est la période pendant laquelle le général Gallieni rétablit la paix à Madagascar. Pour cela il utilise différentes méthodes :

  • Politique de la terre brûlée : pour obliger la population à se soumettre, on détruit leurs cultures et leurs villages.
  • Politique des races : il faut abattre la domination merina de l’époque.
  • Politique « diviser pour mieux régner » : il faut séparer les Malgaches pour créer une confusion.
  • Politique de la tâche d’huile : pacifier d’abord le centre et seulement après les autres régions pour arriver à tout Madagascar.

Cette pacification s’accompagne d’exécutions des chefs de mouvements de révolte pour terroriser la population. Les postes militaires ont été créés pour mieux contrôler la population.

  « Voici ce que j’ai à vous dire. Vous avez reçu le Journal Officiel, vous avez vu l’arrêté proclamant l’émancipation des esclaves et vous avez fait afficher le même arrêté sous forme de placard. Cela doit surprendre le peuple. Convoquez-le donc en réunion publique pour l’engager à ne pas s’émouvoir à propos de rien. Car il s’abuse sur le sens de cette décision, simple formule verbale en usage chez les Européens mais n’ayant à Madagascar aucune portée. En réalité, les esclaves n’ont pas à bouger de chez leurs maîtres : il n’y a rien de changé dans nos lois. Veillez sur le royaume et vivez heureux :

J’ai dit. »

Lettre dictée par Galliéni à Rainitsimba Zafy, Premier Ministre, Tananarive, 28 septembre 1896. []

 

 

 

Trait d'héroïsme du général Galliéni à Madagascar, le petit journal, 26 juin 1898

  Administration civile

a - Organisation générale

Le Président de la république française est le premier responsable de l’administration coloniale. Il est suivi du ministre des colonies qui s’occupe de l’administration coloniale et désigne les gouverneurs généraux dans les colonies. Ces deux personnalités résident en France.

b - Organisation interne

Les fonctionnaires responsables de l’administration coloniale :

  • Le gouverneur général : il a tout les pouvoirs et publie les lois. Il est de nationalité française.
  • Le secrétaire général : il est responsable de l’administration civile et politique. Il est également français.
  • Le conseil de gouvernement : il est composé de 15 membres dont 13 Français et de 2 Malgaches. Ce Conseil s’occupe de la politique générale du pays.
  • Les représentants économiques et financiers formés de 50 membres (25 Français, 25 Malgaches) : ils s’occupent de l’élaboration des lois et de l’aménagement du territoire.

c - Division administrative

  • Madagascar est divisée en provinces, dirigées par un chef de province de nationalité française. Il exécute les ordres du gouverneur général.
  • Chaque province est divisée en districts dirigés par un chef de district de nationalité française. Il contrôle l’exécution des tâches et il conseille.
  • Chaque district comprend des cantons dirigés par un chef de canton de nationalité malgache. Il tient le registre et collecte les impôts. Dans son travail le chef de canton est aidé par le chef de village et le chef local traditionnel. Dans les cantons la population est organisée en fokonolona.

 Les rôles de l’administration coloniale

Elle représente directement la métropole. Elle assure l’application des lois et la bonne marche des services publics. Elle aide les colons à sauvegarder les intérêts de la France à Madagascar.

 L’EXPLOITATION COLONIALE

Le principal objectif de la colonisation est l’exploitation économique de Madagascar. Pour réaliser ce but différentes mesures ont été prises par l’administration coloniale : le code de l’indigénat, le pacte colonial, et les impôts et prestations.

  Le code de l’indigénat

C’est l’ensemble des règles qui placent les indigènes sous la domination des colons. Le non-respect de ce code expose l’indigène à des punitions très sévères. Les mesures d’ordre social et politique ont été prises. La société coloniale a été divisée en deux classes :

  • La classe des dominants constituée par les colons : les Français qui ont tous les pouvoirs administratifs et politiques ainsi que tous les moyens de production.
  • La classe des dominés constituée par les Malgaches. Cette classe est elle-même divisée en deux :
    • Les citoyens : les Malgaches privilégiés mais minoritaires qui obtiennent quelques avantages mais restent soumis aux Français.
    • Les indigènes : la masse populaire malgache soumise au code de l’indigénat. Ils sont comme des objets, des moyens de production français. Ils n’ont aucun droit politique et administratif. Ils doivent payer les impôts et faire des prestations (travail forcé).

 Le pacte colonial et l’économie de traité

a- Le pacte colonial...

est un système économique qui oblige chaque colonie à ne vendre et à n’acheter qu’à sa métropole. Son objectif est de rendre l’économie de Madagascar dépendante de celle de la France. Il élimine la concurrence des autres pays et il fait de Madagascar une source de matières premières pour l’industrie française et un débouché pour vendre des produits manufacturés. Pour favoriser ce pacte des mesures ont été prises :

  • Les transports de produits entre Madagascar et la France se font par l’intermédiaire de grandes compagnies de navigation françaises ; exemples : CLM : Compagnie Lyonnaise de Madagascar, CMM : Compagnie Marseillaise de Madagascar, SICE : Société Industrielle Commerciale de l’Empire.
  • Il est interdit de construire des usines à Madagascar pour ne pas concurrencer les usines de la métropole.
  • Les produits des autres pays sont taxés à la douane tandis que les produits français entrent librement.
  • Madagascar entre dans la zone franc pour faciliter les échanges commerciaux.
  • Un réseau bancaire a été créé pour financer les grandes compagnies commerciales ; exemples : la banque de Madagascar et le comptoir d’escompte.

b- L’économie de traité

Pour développer l’économie de traité, la France remplace l’économie d’autosubsistance par l’économie de marché. C’est une politique des colonisateurs qui consiste à acheter les matières premières à bas prix et à revendre les produits finis à prix élevé. Pour assurer le bon fonctionnement de l’économie de traité, les Français adoptent une loi sur le régime foncier et deviennent propriétaires des terres des Malgaches. Ces derniers doivent alors travailler dans les plantations françaises.

Les impôts et ses prestations

a- L’impôt

est une somme d’argent que l’on doit payer aux autorités. Pendant la colonisation l’impôt était une source d’argent pour l’administration coloniale. C’est aussi un moyen pour forcer les Malgaches à travailler dans les plantations françaises. L’impôt est un moyen pour éduquer et civiliser les malgaches par le travail. L’impôt permet le contrôle de la population. Les différents types d’impôt sont :

  • la capitation,
  • l’impôt sur les biens,
  • l’impôt ou taxe sur les marchés.

b- Les prestations ce sont des mesures qui obligent les indigènes à faire des travaux gratuits pour l’administration coloniale dans le but de :

  • Solutionner les problèmes de main d’œuvre.
  • Tout homme malgache de 16 à 60 ans doit faire des travaux obligatoires de 10, 30 et 50 jours dans l’année. Durant cette période les hommes malgaches ont construit des routes, des chemins de fer, des tunnels, des ponts, des écoles, des hôpitaux...

 

 
Construction de la voie ferrée Tananarive Tamatave (vers 1908)
 
 

Le but des prestations était aussi de lutter contre le brigandage et le vagabondage. C’était aussi un moyen de répression contre les mouvements de contestation. En 1901 les prestations sont supprimées par Gallieni et en 1926 l’administration coloniale met en place le SMOTIG (Service de la Main d’Oeuvre pour les Travaux d’Intérêt Général). C’est un service militaire obligatoire pour tous les jeunes pendant 3 ans.

  Le bilan de l’économie malgache sous la colonisation

La France n’a pas cherché à développer Madagascar.

Son principal objectif était de piller les richesses :

  • Madagascar était devenu un fournisseur de matières premières.
  • Madagascar était aussi devenu un marché exclusivement français.
  • Vol des terres des Malgaches.
  • Déséquilibres régionaux : seules les régions riches sont développées.
  •  
  • Développement des transports (routes, chemins de fer...) uniquement pour acheminer les richesses vers la mer.
 
 
Propagande
 
La légende dorée de Gallieni

« Le général Gallieni gouverne notre colonie de Madagascar. Partout il construit des routes, il ouvre des écoles. » Tel est le commentaire de cette image tirée d’un manuel d’histoire de 1933. Une parfaite illustration de la légende du général Gallieni, celle du colonisateur « civilisateur ».

[L’Histoire, octobre 2005, n° 302 La colonisation en procès
]

Pétition de 51 colons français au Gouverneur général de Madagascar, le 13 janvier 1900

« M. le Gouverneur,

« Comme nous tous vous êtes au courant de la mortalité effrayante qui frappe les prestataires  employés à la construction de la route de Tananarive-Tamatave : elle a atteint dans ces derniers mois une proportion si grande qu’on peut prévoir qu’à brève échéance, la population même la plus valide des hauts plateaux sera tellement réduite que les colons ne pourront bientôt plus rien entreprendre, tant au point de vue du commerce que de l’agriculture et de l’industrie, dans ces régions où ils ont cependant le plus de chance de réussir.

« La question commence à se poser sérieusement de savoir s’il n’est pas préférable de ne pas avoir de routes, mais de conserver une population valide susceptible de mettre Madagascar en valeur, plutôt que de créer de belles pistes carrossables au prix de tant d’existences humaines sacrifiées, dans un pays où la population, si peu dense au moment de la conquête, s’éclaircit tous les jours davantage. Les indigènes sont d’ailleurs tellement las et exténués par des corvées et des travaux incessants, qu’ils déclarent aujourd’hui hautement préférer la mort à toute occupation autre que celle de la culture de leurs champs.
 
« C’est donc avec une fréquence vraiment inquiétante que se multiplient ces actes d’arbitraire dont chaque jour, colons et Malgaches ont à se plaindre. L’indigène est arrêté, emprisonné pendant des mois sans jugement, sans interrogatoire ; et cela avec d’autant moins de ménagements que le détenu est toujours utilisé comme main d’oeuvre économique. »


 



 

 

http://www.transmad.org/IMG/Madagascar_a_voir_et_a_savoir/mada3.gif

 
 
 
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Moramanga un haut lieu de la révolte
 
 
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Cimetière des victimes de la répression
 
 
 
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Le gouvernement envoie à Madagascar des renforts, essentiellement des troupes coloniales (tirailleurs sénégalais) : au total 18.000 hommes début 1948. La répression donne lieu à de nombreux débordements et crimes de guerre : tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, mises à feu de villages...

Parmi les crimes les plus graves figure celui du 6 mai 1947, quand le commandant du camp de Moramanga, dans la crainte d'une attaque, fait mitrailler plus d'une centaine de militants du MDRM emprisonnés dans des wagons.

L'armée française expérimente aussi une nouvelle technique de guerre psychologique : des suspects sont jetés vivants d'un avion pour terroriser les villageois de leur région.

 
 
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29-mars-1947 5674 [800x600]
Les familles des victimes dédicacent leur nom sur les feuilles de cisale lors de leurs visites.
 
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La couverture du livre de Jean-Luc Raharimanana, Madagascar 1947, paru en 2007, puis réédité en version bilingue français-malgache. Ce texte, dont la vigueur poétique n’est pas sans rappeler le Cahier au retour d’un pays natal d’Aimé Césaire, est accompagné d’images jusque là inconnues du fonds Charles Ravoajanahary. Il a été porté au théâtre par Thierry Bédard de 2008 à 2010.
 
Revolte-1947_Soumis--605x812.jpg
Un "soumis" de 1947. Cette image, est reproduite dans le livre de Jean-Luc Raharimanana, Madagascar 1947, Paris, Vents d'ailleurs, 2007.
 
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Tract d'une société secrète l'Union Patriotique, avril 1946
 
 

 

Voila pourquoi les pays du Nord sont devenu riche...

 

100-ans-de-domination-francaise.PNG

André Breton, Louis Aragon, René Char et d'autres publièrent un texte réclamant l'évacuation des colonies :

On n'a pas oublié les belles affiches de recrutement de l'armée coloniale. 

Contestation contre l'exposition coloniale du 30 avril 1931

Tract : Ne visitez pas l’Exposition Coloniale par le Collectif de douze surréalistes. 30 avril 1931 « […] La présence sur l'estrade inaugurale de l'Exposition Coloniale du Président de la République, de l'Empereur d'Annam, du Cardinal Archevêque de Paris et de plusieurs gouverneurs et soudards, en face du pavillon des missionnaires, de ceux de Citroën et Renault, exprime clairement la complicité de la bourgeoisie tout entière dans la naissance du concept nouveau et particulièrement intolérable : la « Grande France ». C'est pour implanter ce concept-escroquerie que l'on a bâti les pavillons de l'Exposition de Vincennes. Il s'agit de donner aux citoyens de la métropole la conscience de propriétaires qu'il leur faudra pour entendre sans broncher l'écho des fusillades lointaines. […] Rien n'est d'ailleurs épargné pour la publicité : un souverain indigène en personne viendra battre la grosse caisse à la porte de ces palais en carton pâte. La foire est internationale, et voilà comment le fait colonial, fait européen comme disait le discours d'ouverture, devient fait acquis. N'en déplaise au scandaleux Parti Socialiste et à la jésuitique Ligue des Droits de l'Homme, il serait un peu fort que nous distinguions entre la bonne et la mauvaise façon de coloniser. […]. Tous ceux qui se refusent à être jamais les défenseurs des patries bourgeoises sauront opposer à leur goût des fêtes et de l'exploitation l'attitude de Lénine qui, le premier au début de ce siècle, a reconnu dans les peuples coloniaux, les alliés du prolétariat mondial. Aux discours et aux exécutions capitales, répondez en exigeant l'évacuation immédiate des colonies et la mise en accusation des généraux et fonctionnaires responsables des massacres d'Annam, du Liban, du Maroc et de l'Afrique centrale. »

Signataires : André Breton, Paul Eluard, Benjamin Péret, Georges Sadoul, Louis Aragon, René Char, Yves Tanguy, Pierre Unik, André Thirion, René Crevel, Maxime Alexandre, George Malkine Source : Archives du Parti Communiste Français (Bob. 461)

 

"Oui, le colonisateur crée et réalise mais pour lui d'abord et son habileté consiste à montrer et à dire ce qu'il fait et à taire ou à cacher ce qu'il défait. Sans parler des pertes et des dégâts dus à la conquête, mais de la destruction de la société que l'on colonise. Le colonisateur fait voler en éclat le droit et les usages du peuple qu'il soumet, il ignore sa culture ou la nie, il contrôle sa religion, il lui impose sa langue, seule officielle, il lui confisque ses biens et sa terre. Le dommage est si profond et les séquelles sont si graves que le peuple colonisé, même s'il réussit un jour à reconquérir son indépendance - on le voit aujourd'hui -, a du mal à retrouver ses marques, à restaurer sa culture, à assimiler la modernisation qui lui a été imposée et à se donner les structures sociales correspondant à son génie et à son histoire: un hiatus et des cicatrices subsistent, qu'il mettra longtemps à combler et à effacer.

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Plus de soixante ans après, l'écrivain Raharimanana redit les voix qui se sont perdues, le photographe Pierrot Men fait ressurgir les regards oubliés. De simples femmes, de simples hommes, âgés de quatre-vingt-deux à quatre-vingt-dix-neuf ans, témoignent de leur passé d'insurgés. Les portraits sont nos guides, résolument vivants, survivants d'une époque gommée des esprits. Leurs témoignages, leurs mémoires intactes nous interpellent et nous rappellent la nécessité de dire l'histoire pour comprendre les maux et rêves d'aujourd'hui, pour construire un avenir apaisé où les paroles auraient été dites... Un livre en forme d'hommage pour ces morts sans nombre de la Grande île, indispensable pour retrouver la mémoire sur l'un des plus grands massacres de la colonisation française. ​​​​​​​

 

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